" A l'ulcère du monde, il y a une grande cause générale. Vous l'avez nommée: c'est l'asservissement au passé, le préjugé séculaire, qui empêche de tout refaire proprement, selon la raison et la morale. L'esprit de tradition infecte l'humanité" (Henri Barbusse)

jeudi 29 avril 2010

Réflexions sur le travail

Partons du fait que nous passons la majeure partie de notre temps au travail. Alors posons une question très simple : combien de personnes font vraiment le métier qu’elles veulent et combien s’épanouissent vraiment en partie à travers leur travail ?

Lorsque l’on entend les réflexions et que l’on observe les attitudes de chacun au travail on comprend aisément que beaucoup de gens ne sont pas à leur place. C’est triste quand même ! Je passe sur les traditionnelles réflexions du lundi et du vendredi matin que j’ai déjà évoquées précédemment. Quand j’observe toute l’énergie et la ruse que développent certains pour « s’économiser » de quelques minutes de travail tout en maximisant leur nombre d’heures déclarées j’en reste pantois. Quel est leur problème ? Quand je fais quelque chose qui me plaît, je ne regarde pas ma montre. Bien entendu on a besoin de faire une pause de temps en temps mais pourquoi chercher milles manières de la prolonger pour « gratter » quelques minutes de travail ? Je ne remets pas non plus en cause l’envie passagère de « tirer au flan », çà arrive à tout le monde (« La paresse est utile à cause de l’effort qu’elle demande pour être surmontée ! »). Mais quand cela devient un sport quotidien et que l’on en est conscient c’est qu’il est grand temps de changer non ?
Alors j’admets bien sûr que le changement n’est pas chose facile dans certaines situations, mais je reste persuadé que c’est une question de volonté et qu’à partir du moment où l’on ose et que l’on s’oriente dans la bonne direction les portes s’ouvrent devant nous (« Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas les faire, c’est parce que nous n’osons pas les faire qu’elles sont difficiles »).
Force est de constater aussi malheureusement que certains métiers et certaines conditions de travail font qu’il est aisé de comprendre que les gens ne s’y plaisent pas. Sans parler des « chefs » qui n’ont rien d’un chef et qui, eux non plus, ne sont pas à leur place.

Si l’on admet l’option que beaucoup de gens ne sont pas à leur place alors vient la question du : « Pourquoi ? ». Je ne prétends pas avoir toutes les réponses à cette question mais j’y ai pas mal réfléchi pendant que je bricole mes bouts de bois et j’ai quelques idées que je vais vous exposer.

Tout d’abord je pense que le problème vient du système éducatif et notamment du discours qui peut être tenu plus particulièrement en collège et lycée. Ce discours qui vous pousse, à un âge où l’on est en pleine construction, en pleine découverte, à faire un choix pour l’avenir. Et quel choix ! On vous demande de choisir votre métier (ou presque) pour votre vie entière. Et çà alors que vous n’avez aucune expérience, aucune idée du monde professionnel et bien souvent une vision pas très nette de ce qui pourrais vous plaire. Et puis d’abord, qui a dit que l’on devait faire le même métier toute sa vie ? Est-ce que vous gardez la même voiture toute votre vie ? Est-ce que vous pratiquez les mêmes loisirs toute votre vie ? Est-ce que vous aimez les mêmes personnes ou les mêmes choses toute votre vie ? Probablement non… J’ai eu la chance dans ma scolarité d’avoir un enseignant qui tenait le discours inverse : pourquoi quelques années d’études conditionneraient toute une vie professionnelle ? Pas bête ! Ca soulage de penser çà. Forcément à un moment donné il faut bien faire des choix, choisir une orientation, mais gardons à l’esprit le fait que cela ne veut pas dire que nous sommes bloqués dans une voie. On ne peut pas avoir les mêmes envies et les mêmes perspectives à 20 ans qu’à 30, 40 ou 50 ans.

L’autre problème que je vois, probablement parce que je me sens concerné !, c’est la dévalorisation des métiers manuels. Ce qui se passe globalement à l’école c’est que si tu as des bons résultats tu as le droit et même tu dois faire des études et si tu es mauvais tu n’as pas d’autre choix qu’un métier manuel… En gros comme tu ne sais pas te servir de ta tête eh bien sers-toi de tes mains ! Et si tu sais te servir de ta tête garde tes petites mains pour tapoter sur ton ordinateur !
Et si j’aime me servir de mes mains pour faire ce que ma tête a imaginé ? Eh bien c’est là que çà se complique car on n’a pas encore inventé des études qui allient les deux (à quelques exceptions près).
J’avoue j’exagère un peu, il y a la possibilité de formation continue, si tu es très motivé et que tu n’es pas pressé et que tu corresponds aux différents critères pour que ton dossier soit accepté… Je sais j’ai essayé !
Attention, je ne blâme pas non plus les parents qui poussent leurs enfants à faire des études pour qu’ils aient une « bonne situation » comme on dit. Ca se comprend, et c’est tout à fait honorable. J’en ferais probablement de même un jour. Mais le plus important n’est-il pas d’abord de faire quelque chose qui nous plaît, quelque chose que l’on aime vraiment ? Comme dit le proverbe : « Choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie ». Pour l’avoir vécu pendant deux ans et demi lorsque je travaillais sur les bateaux et pour le vivre aujourd’hui même encore lorsque je taille mes bouts de bois c’est totalement vrai. C’est vraiment plaisant de se lever le matin en étant heureux d’aller travailler parce que l’on sait que çà va être agréable et que l’on va faire quelque chose que l’on aime. Il y a quand même un détail, et pas des moindres, qui me dérange dans ce proverbe. C’est très intéressant de lire les définitions du mot « travail » dans le Larousse car elles n’ont en aucun cas un sens péjoratif. Ce proverbe dont tout le monde comprend aisément le sens semble assimiler le travail à une charge ou une contrainte. C’est terriblement gênant mais tellement révélateur de l’état d’esprit actuel de notre société : le travail est une contrainte !
Une des solutions serait peut être alors de revaloriser les métiers manuels en les enseignants comme n’importe quelle autre matière comme le français ou les maths. Faire comprendre par la pratique l’immense satisfaction que l’on peu éprouver à réaliser une chose par soi-même. Et surtout arrêter de percevoir ces métiers comme une issue aux gens manquant d’ambition. Ce n’est pas parce que l’on n’a pas pour objectif de « commander » ou de concevoir des avions ou je ne sais quoi que l’on manque d’ambition. Même si l’image est belle tout le monde ne rêve pas d’être ingénieur ou chef de ceci ou cela. Le manque d’ambition est perçu négativement mais lorsque l’on voit toutes les horreurs que certaines personnes ambitieuses sont capables de faire pour arriver à leur fin le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ?

Et puisque j’ai commencé ce message par une question je le finirais de même (bien que cela soit à mes yeux plus une vérité qu’une question) : Est-ce que la plus grande des ambitions n’est pas tout simplement de faire le métier qui nous plaît vraiment à l’instant T ?

P.S : Cet article m’a demandé quelques heures de réflexion, d’écriture, de relecture, de modifications pour arriver à ce résultat (pour tout vous dire je l’ai commencé il y a presque 4 semaines !). Je n’évoque que deux axes de réflexion car j’ai pu les percevoir en direct mais il y en a sûrement bien d’autres. Loin d’être complet je voulais cependant vous le soumettre pour voir vos réactions et enrichir ma réflexion et trouver de nouvelles solutions. Bonne lecture.

3 commentaires:

  1. Et j'ajouterais que certaines têtes pensantes n'ayant jamais été sur le terrain conçoivent des aberrations inimaginable!!!tel qu'un chantier naval par exemple...
    jb

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  2. Je dirais même plus : tel qu'un chantier tout court!

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  3. Bonnes réflexions, Tom! Oui je crois qu'il y a un souci avec le système éducatif en effet. Combien de fois j'ai vu des gens se restreindre à un métier ou une filière en disant qu'il n'avaient pas étudié ça pour travailler dans autre chose. Et moi de répondre, pourquoi pas? Si c'est plus intéressant, s'il y a plus de possibilités... Après tout, comme certains profs disaient (une minorité), le but essentiel de l'école et de la fac c'est plus d'apprendre à apprendre que d'apprendre tout court.
    Quant à la définition du travail, c'est une question qui me taraude souvent aussi. Par exemple, quand je fais des recherches, planifie ou organise la suite de mon voyage, est-ce du travail? ;)
    Allez, travaille bien et amuse toi au moins aussi bien! See ya!

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