" A l'ulcère du monde, il y a une grande cause générale. Vous l'avez nommée: c'est l'asservissement au passé, le préjugé séculaire, qui empêche de tout refaire proprement, selon la raison et la morale. L'esprit de tradition infecte l'humanité" (Henri Barbusse)

mardi 6 avril 2010

3 mois

Voilà trois mois que j’ai posé pour la première fois mes petits pieds sur le sol Australien. Et j’ai fêté samedi dernier mes deux mois en Tasmanie !

Je ne dirais pas : « Déjà trois mois ! » J’ai vraiment l’impression que le temps a passé à vitesse normale. Ni trop vite, ni trop lentement, juste au bon tempo. Je suis de temps en temps perdu dans les jours et dans les dates. Je zappe un jour de la semaine ou je me rend compte tout d’un coup que l’on est au mois d’Avril mais cela est sûrement dû au fait que je n’ai pas de contrainte en terme de calendrier donc à quoi bon compter les jours ?
Tous les jours je me réjouis d’être ici et d’avoir fait ce choix de partir. La vie que je mène actuellement est immensément riche. Riche de rencontres, d’expériences, d’enseignements, d’échanges. Oublier le superflu pour ne garder que l’essentiel. Cà c’est une super leçon. On laisse de côté ses habitudes, ses idées (ou son conditionnement culturel) pour découvrir des choses nouvelles avec si possible un regard neuf (« ce n’est que lorsque l’esprit se libère des idées que l’expérience est réellement vécue »). Même lorsque je vais dans un magasin c’est une nouvelle expérience, je prends le temps d’observer, de découvrir, de comprendre. J’ai l’impression que depuis trois mois mon cerveau est à nouveau stimulé, il revit. Après avoir sombré dans une sorte de somnolence il est de nouveau plein de vie. Rien que le fait d’être confronté tous les jours à un nouveau langage est un très bon exercice. Un peu fatiguant j’avoue, les soirées ne se prolongent pas éternellement et je n’ai pas de mal à trouver le sommeil mais quelle saine fatigue ! Ca fait du bien !
Quand je me connecte à internet et que mon navigateur s’ouvre sur MSN je peux voir un résumé des dernières news. C’est pratique, je me tiens au courant de ce qui se passe en France. Et puis de temps en temps je vais jeter un œil sur le site du Figaro ou de Ouest France. Le seul truc c’est qu’il ne se passe rien ! J’ai l’impression que quand je rentrerais en France se seront toujours les mêmes sujets à la une ; toujours les mêmes histoires, les mêmes débats, la gauche, la droite, le milieu, les élections etc. Bon si çà peut vous rassurer c’est pareil ici. Faut pas rêver, l’homme est ce qu’il est, que ce soit en France, en Australie ou n’importe où dans le monde. La structure reste la même, c’est juste l’habillage qui change !
Mais vous me direz : « que veux-tu qu’il se passe ? ». Eh bien par exemple que l’on a trouvé une solution aux problèmes de pollutions, ou à la misère dans le monde ou tout autre sujet important. Remarque, peut être qu’on les connaît les solutions… C’est bien le plus inquiétant, car cela voudrait dire que tout espoir est perdu. Si l’on connaît les solutions et que nous ne les appliquons pas c’est qu’il y a sûrement une raison. Peut être que c’est parce qu’elles vont à l’encontre de la nature humaine. Et alors là on est mal barrés ! Ce n’est pas près de changer.
La veille de mon départ en Australie j’ai regardé à Paris une émission sur France 5 dont le principe est d’emmener un « People » dans un endroit du monde un peu inédit. Ce jour là, ils partaient avec la chanteuse Zazie en Papouasie à la rencontre d’une tribu de Papous qui vivent « à l’ancienne », nus dans la forêt, à plusieurs jours de marche du premier village. Autant dire qu’un véritable fossé les sépare de notre civilisation. Je passe sur tous les détails techniques qui soulignent la différence d’évolution des deux civilisations. Un soir autour du feu, après que les papous aient joué de la musique avec un morceau de bambou et une herbe, Zazie a chanté, accompagnée d’une petite guitare, sa chanson : « je suis un homme » qui dans ce contexte prenait tout son sens. Ce moment était vraiment très émouvant. Les papous, qui ne comprenaient pas les paroles en français étaient émus rien que par la mélodie et la sonorité.
« Je suis un homme de Cro-Magnon, je suis un singe ou un poisson
Sur la Terre, en toutes saisons, moi je tourne en rond, je tourne en rond
Je suis un seul, puis des millions, je suis un homme au cœur de lion
A la guerre en toutes saisons, moi je tourne en rond, je tourne en rond
Je suis un homme plein d’ambitions, belle voiture et belle maison
Dans la chambre, dans le salon, moi je tourne en rond, je tourne en rond
Je fais l’amour et la révolution, je fais le tour de la question
J’avance, avance, à reculons et je tourne en rond, je tourne en rond
Tu vois, j’suis pas un homme, je suis le roi, de l’illusion
Au fond, qu’on me pardonne, je suis le roi, le roi des cons
Je fais le monde à ma façon, coulé dans l’or et le béton
Corps en cage, cœur en prison, moi je tourne en rond, je tourne en rond
Assis devant ma télévision, je suis de l’homme la négation
Pur produit de consommation oui mon compte est bon, mon compte est bon
Tu vois, j’suis pas un homme, je suis le roi, de l’illusion
Au fond, qu’on me pardonne, je suis le roi, le roi des cons
C’est moi, le maître du jeu, le maître du feu, le maître du monde et vois ce que j’en ai fait
Une Terre glacée, une Terre brûlée, la Terre des Hommes que les Hommes abandonnent
Je suis un homme au pied du mur, comme une erreur de la nature
Sur la Terre, sans d’autres raisons, moi je tourne en rond, je tourne en rond
Je suis un homme et je mesure, toute l’horreur de ma nature
Pour ma peine, ma punition, moi je tourne en rond, je tourne en rond… »

Essayons de relativiser ; et si on se faisait confiance ? Avec toutes les choses fabuleuses que l’homme est capable de réaliser on peut imaginer que les choses vont s’arranger. J’espère…

Pour finir voici les trois dernières répliques du film : « La Plage » que j’ai regardé l’autre soir :
« Le paradis n’est pas un endroit que l’on peut rechercher.
Ce n’est pas le lieu qui compte, c’est ce qu’on éprouve à l’instant où on l’atteint
Si l’on sait vivre cet instant là il dure éternellement »
Je remplacerais volontiers la notion de « Paradis » en tant que lieu par la notion de « bonheur ».

Hobart, Sandy Bay, lundi 5 avril 2010, 21h47, à la lueur d’une bougie à la citronnelle dans un van dénommé Donovan avec une bonne tasse de thé au miel et à la camomille et un petit lapin en chocolat ! Bah oui, c’est Pâques quand même !

Enjoy

2 commentaires:

  1. Salut grand Tom,
    Je te rejoins totalement dans ce constat.
    Il est important d'en être conscient, alors que, en effet, on est obligé de vivre avec.
    Belles références, et respect pour ce regard.
    Bonnes découvertes.
    Sébastien R.44

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  2. Comme c'est bien dit!
    Oui, c'est bon de profiter de l'instant présent, déconnecté des choses matérielles qui font notre vie habituelle, déconecté du calendrier même... C'est bon de s'émerveiller de tout ce qu'on découvre jour après jour : des lieux, des gens, des cultures, des animaux, des mots, des fruits des boissons... C'est bon de partager ça avec les autres, d'ici ou de là-bas. C'est bon de prendre du recul, de réfléchir, sur soi et sur le monde qui nous entoure. C'est bon d'avoir espoir en l'Homme. Avec un peu de bonne volonté collective, ces grands défis que tu cites et bien d'autres peuvent être relevés. C'est bon de ne plus tourner en rond! :)
    Félicitations pour ce beau parcours de 3 mois, je te souhaite que ce bonheur se poursuive éternellement (je crois que tu as trouvé de bonnes clés déjà).
    Et j'espère à bientôt, l'ami!

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