" A l'ulcère du monde, il y a une grande cause générale. Vous l'avez nommée: c'est l'asservissement au passé, le préjugé séculaire, qui empêche de tout refaire proprement, selon la raison et la morale. L'esprit de tradition infecte l'humanité" (Henri Barbusse)

lundi 21 juin 2010

La solitude

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En voilà un mot qui fait peur, n’est-ce pas ? Mais d’abord qu’est-ce que la solitude et pourquoi en avoir peur.

D’après le dictionnaire la solitude est le fait d’être sans relations, sans amis, sans parents. Disons que de manière générale on se sent seul à partir du moment où nous ne sommes pas en interaction avec autrui. Même si l’on a des amis et des parents on peut se retrouver seul à des moments et en souffrir. Car généralement la solitude est associée à la souffrance. Beaucoup de gens en ont peur et la fuit par divers moyens. Mais faut-il vraiment en avoir peur ? Est-ce qu’il n’est pas important de savoir « être seul » et d’en tirer les bénéfices ? Je ne parle pas de s’isoler du reste du monde mais je pense qu’il est au moins aussi important de savoir être seul que d’être en « interaction » avec les autres.
Même si dans notre société il est de bon ton d’avoir de nombreux « amis » comme on accumule les « amis » sur Facebook (d’ailleurs le mot « connaissance » se serait beaucoup plus juste), le fait d’avoir une « vie sociale » ultra développée n’est pas nécessairement synonyme d’équilibre sur le plan personnel. Je pense d’ailleurs que bien souvent, ce besoin d’être entouré à tout moment est synonyme d’un certain mal-être. Comme une besoin de combler un manque.
Le besoin ultime est finalement de se sentir reconnu par son entourage, se sentir aimé, représenter quelque chose pour quelqu’un, c’est bien ce que tout le monde cherche. Avec un peu d’honnêteté nous sommes bien obligés de le reconnaitre. Même si cela relève de l’inconscient on a tous au fond de nous même le besoin d’être reconnu pour ce que l’on est ou pour ce que l’on fait. Alors on se crée une image, on se montre tel que l’on a envie que les autres nous voient. Toute cette mascarade uniquement pour plaire, pour se mettre en valeur, pour se donner toutes les chances d’être aimé et apprécié et ainsi ne pas se retrouver seul.
Qui n’a jamais menti ou tout du moins enjolivé les choses pour paraître mieux.
Bien souvent lorsque l’on est seul on cherche à s’occuper, écouter de la musique, lire, surfer sur internet, etc… Mais avez-vous déjà essayé d’être vraiment seul ? Je veux dire par là sans aucune distraction, juste seul avec vous-même. Eh bien là même le cerveau s’y met ! Il va commencer à cogiter, inventer des histoires, chantonner. C’est la peur du silence, comme si le silence était synonyme d’absence de vie, de mort. C’est un peu çà finalement, la peur de la solitude, c’est la peur de la mort puisque l’image de la mort c’est en quelque sorte la solitude ultime. Comme on dit on meurt seul. Combien de couples restent ensembles passé un certain âge tout simplement par peur de se retrouver seul en arrivant à la fin de leur vie. Combien de personnes se retiennent, ne disent rien, acceptent une situation dans laquelle ils sont mal à l’aise uniquement par peur de la solitude.
Par peur de la solitude on se rattache à un groupe. On s’identifie à un groupe de personnes afin de s’oublier. A l’échelle de sa région on va s’engager dans une association par exemple, à l’échelle du pays on va s’identifier à une ville ou plus largement à une région et à l’échelle mondiale on se raccroche à l’entité « pays ». C’est très amusant à constater dès que l’on voyage. Les rencontres entre français sont toujours très fraternelles, on est du même pays ! Ces mêmes français qui dans leur pays s’opposeraient peut être ou tout du moins s’ignoreraient parce qu’ils ne sont pas de la même région, de la même ville, du même quartier ou même pire encore pas du même rang social ! C’est l’exemple même de l’hypocrisie dans la relation. Ca me rassure de savoir que je ne suis pas le seul français ici, je me sens moins seul, alors je suis sympa avec toi. Par contre une fois rentré au pays qu’en est-il ?
Mais c’est peut être lorsque l’on est capable d’être seul, capable d’accepter la solitude, de la comprendre que l’on en tire tous les bénéfices. Et le premier de ces bénéfices est probablement d’être capable d’avoir des relations « vraies » avec les autres. Je veux dire par là que si l’on a peur de la solitude il va apparaître un sentiment de dépendance dans nos relations aux autres. Par peur de la solitude on va tout faire pour garder nos « relations ». Où est donc la vraie valeur de nos sentiments dans ce cas. C’est finalement avec une personne que l’on n’a pas peur de perdre que l’on est le plus sincère. N’est-ce pas avec les personnes que l’on n’aime pas que nous sommes les plus francs.
S’il n’y a plus la peur de la solitude, il n’y a plus la peur de perdre des amis ou des proches, donc plus de dépendance, plus de jalousie.
Si l’on arrive à ce stade, à apprécier les personnes pour ce qu’elles sont et non pour ce qu’elles nous apportent, alors peut être que dans ce cas la relation est saine et réellement valable ; cette relation c’est ce que certains penseurs appellent l’AMOUR.
A ne pas confondre avec ce que l’on appelle communément l’amour dans de nombreux couples et qui se résume à une dépendance mutuelle. J’ai besoin de toi pour ne pas me sentir seul(e) et toi aussi. Alors on s’arrange, on compose, on fait des concessions.
En résumé moins on a peur de la solitude et plus on a de chances d’avoir de « vraies » relations, sincères, profondes et durables. C’est logique non ?

2 commentaires:

  1. merci! tu as pris le temps de mettre des mots sur une pensée que je partage !!!

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  2. De rien, content que çà te plaise!

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